Auditions sur la société numérique intelligente

30/11/2018

La Commission des Affaires institutionnelles a poursuivi ses auditions sur la société numérique intelligente, dans le cadre d’un rapport d’information (6-413).

Dirk Van Damme (OCDE) et Gérard Valenduc (UCL) ont exprimé leur vision et répondu aux questions des sénateurs. Dirk Van Damme a souligné la nécessité pour l’enseignement d’assurer le développement de la créativité, de l’analyse profonde et des aptitudes en communication. Le savoir de base et les aptitudes de base sont essentiels pour les tâches et métiers numériques. Malheureusement, l’enseignement s’adapte beaucoup trop lentement et les tests PISA font apparaître de sérieuses lacunes. Les professeurs sont également très peu formés à la numérisation de la société. La numérisation permet pourtant de renforcer les compétences alors que, sans numérisation, les travailleurs perdent leurs compétences, y compris les compétences non liées au numérique. Pour assurer l’égalité des chances, l’école doit viser l’excellence et susciter la volonté de dépassement de soi chez les élèves des populations défavorisées. La numérisation nous force également à nous positionner sur ce que signifie être humain et ce qui peut ou doit encore être assuré par l’homme.

Pour Gérard Valenduc, peu d’emplois sont réellement menacés à court terme par le numérique, dans la mesure où les innovations ne sont, en pratique, pas appliquées avant plusieurs années et où ce sont surtout les tâches (plus que les métiers) qui sont appelées à évoluer. Un métier reflète souvent une trajectoire, une carrière et un statut dans la société, ce qui n’est pas le cas d’une machine. La numérisation constitue, par contre, un facteur majeur de dualisation entre entreprises, secteurs et pays et pose des conflits de régulation. Renouveler les compétences professionnelles (numériques, analytiques et de communication) dans tous les métiers est essentiel. Gérard Valenduc recommande également aux pouvoirs publics d’investir dans la formation tout au long de la vie, de tenir compte du fait que les parcours professionnels seront de plus en plus flexibles et de la nécessaire portabilité des droits sociaux. La flexibilité est et sera particulièrement marquée dans les plateformes numériques (Uber, par exemple), où le producteur de données est également consommateur de celles-ci. Selon lui, il est possible de sortir par le haut de la transition numérique en la couplant avec la transition écologique. Il ne recommande pas l’instauration d’une taxe sur les robots, pour ne pas pénaliser un investissement productif, mais privilégie une taxation des données (bit tax), dont le rendement serait croissant dans un contexte de numérisation accrue.

Auditions du 26 novembre